Comme nous le demandait une étudiante il y a quelques jours : «Pourquoi ne publiez-vous pas un ouvrage sur le management de la génération Y ?». En voilà une bonne question ! Imaginons à ce que pourrait ressembler un tel ouvrage.

Il y a plusieurs angles d’approche:

    • – Le premier est d‘utiliser nos recherches pour faire un

constat

    des nouveaux comportements sur le lieu de travail. Si ce type de bouquin serait intellectuellement le plus solide et pourrait devenir « livre de référence », il risquerait surtout d’être rébarbatif et d’apporter un éclairage sans vraiment apporter de solutions. Ce qui est a l’opposé de nore philosophie qui est de conjuguer fond, forme et application immédiate.
    • – Le second angle serait de lister les

différences

    entre les générations Y, X et Baby-boomers (environnement, attentes, motivations, etc.). Pff, sérieusement, nous avons passé l’âge des comparaisons faciles et de toute façon ça a été fait et refait. En plus, ça ne correspond pas à notre approche du sujet qui considère qu’être “Y” c’est d’abord un état d’esprit qui s’exprime dans un environnement en transformation et pas en fonction de son âge.
    • – le troisième, serait d’écrire un livre de

management

    vous expliquant comment manager des “jeunes” en vous fournissant un “mode d’emploi” et des recettes  toutes prêtes pour gérer des gens ou des  situations. C’est tentant car cela donnerait de la matière pour les étudiants réalisant un mémoire sur le sujet, cela serait l’occasion de lancer une opération de RP et  et cela nous donnerait plus de crédibilité envers ceux qu’un bouquin impressionne encore.
    • – Le quatrième et dernier serait suivre la mode et de développer certains

articles

    • de ce présent blog. Si si, je vous assure que ça marche encore. C’est toujours plus facile de lire du papier que sur un écran. Nous pourrions écrire 4 chapitres selon la maturité de l’approche de la génération Y :

 

  • 1-Les Y sont des jeunes
  • 2- Etre Y c’est appartenir à une culture,
  • 3- Les Y ne sont pas les seuls facteurs de changement,
  • 4- Le vrai sujet est ailleurs…

– Enfin, nous arrivons à notre projet : mélanger les genres ! Nous sommes persuadés que les bouquins de management / livre de recette / menu de restaurant chinois sont dépassés. Avec seulement 10% des bouquins de management lus de couverture en couverture il est temps de rénover l’exercice. Pour cela nous avons penser d’écrire un romanagement. Un roman mettant en scène des professionnels face à un challenge à relever : faire évoluer leurs pratiques dans un monde “2.0” …

En fait nous avons déjà écrit ce “Romanagement”. En voici l’introduction…

Le pitch : Ce récit est un dialogue entre Stéphane (37 ans), directeur général de la filiale française d’un groupe international et Françoise, sa DRH de 51 ans.
Le contexte : Lors du dernier séminaire stratégique, Stéphane et Françoise ont été épinglés par la direction de leur groupe pour la mauvaise gestion prospective des emplois de leur structures de 500 salariés. Ils doivent rapidement élaborer un plan de recrutement pour assurer le renouvellement des départs en retraite et l’évolution des emplois alors qu’avec la crise ils souhaitaient geler les recrutements.
Face à la pénurie de talent qui les menace, Stéphane et Françoise vont confronter leurs regards sur l’évolution des attentes et des comportements des salariés qu’ils souhaitent attirer, recruter et intégrer dans leur entreprise. La plupart appartenant à la Génération Y.

12 septembre, autoroute A 10
– Ecoutez Madame André, je sais que je suis arrivé il n’y a pas tout à fait 3 mois ! Je ne voudrais pas vous paraître vieux jeu, ni encore moins grossier car l’homme de la Pampa, parfois rude reste toujours courtois, mais après ce que l’on vient de se prendre dans les gencives à ce comité, il faut que l’on fasse quelque chose. Et Vite ! Très vite !
L’homme qui conduisait, et qui faisait référence aux “Tontons Flingueurs”, un film des années 60, parlait d’une voix qui cachait mal son impatience. Tout en gardant un œil sur la route, il regardait son interlocutrice assisse à ses cotés. Celle-ci ne paraissait pas à l’aise. Elle serrait une main blanche sur sa ceinture de sécurité.
– Certes Monsieur Bessade mais laissez moi vous dire trois choses…La première, pourriez vous ralentir, je suis maman de 3 enfants et j’aimerai les revoir.
– Désolé. Je viens juste de finir le rodage alors je me lâche un peu. L’homme se cala dans son siège et laissa la voiture qui les suivait les doubler avec un soupir.
– Seconde chose, je vous ai déjà dis que vous pouviez m’appeler Françoise, et enfin, pour terminer, vous apprendrez rapidement que ces « séminaires stratégiques » ne sont parfois que des feux de paille sans lendemain. Je travaille pour cette compagnie depuis 7 ans, et je vous assure que si beaucoup est dit, il y a en réalité pas grand chose qui ressort de ces réunions. Vous venez d’arriver mais je vous assure que Peter nous a fait son show habituel. Il nous a simplement montré que rien ne pouvait se faire sans lui et ses idées géniales. Il va rentrer à San Francisco content de lui et nous repartons de notre coté avec les mêmes projets à mener que ceux que nous avons apporté.
– Attendez Françoise. Feu de paille ou pas feu de paille, nous avons tout de même été convié à un séminaire de deux jours dans un château de la Loire avec toutes les équipes de direction européennes. Et vous serez d’accord avec moi que parmi les 8 équipes présentes, il n’y a eu qu’une seule équipe qui s’est fait « déchirer » comme dirait ma fille aînée. Et vous pouvez m’appeler Stéphane, voir me tutoyer, je viens des Etats-Unis ou l’on ne se formalise plus depuis longtemps.
– Oui, je reconnais que pour cette fois nous avons été sur la sellette.
– La sellette ? Ca a été un Karaoké vous voulez dire ! Il nous avait préparé un guet-apens, le micro et la suiveuse oui ! Rappelez vous la remarque de Peter, qui a bien fait marrer la salle. « Your French specificity is to be the first to be the last » pour reprendre ses termes et pas son accent  : “Votre spécificité française est d’être les premiers à être les derniers !”. Je l’ai encore en travers de la gorge : Moyenne d’âge la plus élevée. Nombre de départ ramené à notre effectif le plus élevé . Et j’allais oublier le tableau de comparaison des actions de gestion des âges mis en oeuvre par filiale. Vous allez me dire que cette fois-ci nous sommes les premiers mais je vous assure que ce slide là me hantera le reste de ma vie.

Alors qu’il parlait, Stéphane s’aperçut qu’il se laissait emporter et que sa vitesse augmentait de même. Il leva le pied et reprit sa respiration.
– Et le pire, reprit-il, est qu’il a complètement raison. Nous n’avons pas encore engagé de démarche d’anticipation de gestion des talents. Juste un peu de GPEC car la loi nous y a poussé mais c’est tout. Je ne vous cache pas ma surprise. Enfin non, mon désarroi plutôt, de constater qu’en tant de DRH vous le preniez avec autant de calme.
– Je vous le répète, tout ça c’est pour le spectacle, vous savez bien que notre certification ISO nous prend déjà pas mal de temps. Je suis sur que ça leur passera avant que ça nous revienne.
– Attendez ! Nous aurons perdu 70% de nos effectifs d’ici 2010, ça fait plus de 200 personnes quand même !
– Je suis d’accord, mais 2010, c’est dans 2 ans ! Nous avons d’autres chantiers en cours plus urgents : Le DIF, l’entretien professionnel, le plan de formation et le dernier audit qualité pour ne citer que ceux-là. Et puis parler des jeunes, c’est un effet de mode. Je suis sur que c’est encore une lubie de consultant. Quand le consultant nous a fait la présentation sur ce qu’il appelle la Génération Y a dit que les jeunes qui arrivaient voulaient changer les choses. Je ne suis pas vraiment d’accord. Depuis Socrate ou Pline le jeune ils veulent changer les choses. Ils rentreront dans le rang comme nous et ceux qui nous ont précédés.
– Pas d’accord ? Vous n’êtes pas d’accord ? Mais il ne parlait pas des jeunes justement, j’ai trouvé son intervention sur cette culture « Y » complètement censé au contraire. Je me suis bien retrouvé dans sa description des « 4 i » .

J’ai retrouvé le comportement des mes enfants : Impatients, individualistes, interconnectés et inventifs. Je suis intimement persuadé qu’il a raison et que l’on se prépare une grosse catastrophe. Peter l’a dit lui-même : « C’est pas parce que la pénurie de talents ne vous touche pas aujourd’hui que vous n’êtes pas concernés. » Et il a raison, je ne vais pas vous rappeler la difficulté que vous avez eu à me recruter. Bon, il faut avouer que vous avez été chanceux sur ce coup là. Il fit un clin d’œil à sa passagère pour souligner sa plaisanterie.

Si Françoise André écoutait son DG avec attention elle n’avait pas l’habitude de ce langage. Elle était à la fois déstabilisée par ce jeune patron – qu’elle ne pouvait pas désapprouver pour avoir participé à son recrutement – et étonnée qu’un dirigeant prenne autant à cœur les ressources humaines alors qu’il arrivait du secteur bancaire.
– Je reconnais que je suis bien une Baby-boomer mais reconnaissez que nous précipiter serait une erreur et qu’il est urgent d’attendre tant que le reste n’est pas hors du…. Sa phrase fut arrêtée nette par un coup de frein.
– Mais merde à la fin ! s’emporta Stéphane. C’est une journée à thème ! Regardez moi ce « A » qui ne tient pas sa trajectoire ! Le conducteur criait plus qu’il ne parlait à présent.

Françoise se redressa et regarda la vieille corsa qui venait de se déporter sur leur voie. Son pare-choc éraflé arborait un autocollant « Si tu n’es pas content, double ». Le visage livide elle trouva pourtant la force d’esquisser un pâle sourire et de plaisanter.
– Au moins il annonce la couleur. Euh. Nous sommes bientôt arrivés ?
– Oui nous arrivons au péage de Saint Arnoult. Si ça roule nous devrions être arrivé au bureau d’ici 30 minutes. Mais je pense que nous devrions nous revoir dans la semaine pour décider d’une stratégie.

Stéphane Bessade ne vit pas les yeux de sa collaboratrice s’ouvrir en grand quand il se retourna vers la banquette arrière pour récupérer sa veste. Tout en conduisant, il récupéra son Palm Pilot. Il prit le regard d’effroi de la DRH pour de la curiosité.
– Oui, c’est un Palm. Je sais je suis en retard coté technologie mais ça me fatigue d’avance de devoir transférer mes données dans un iphone. Bon, je vois que j’ai un moment jeudi matin de la semaine prochaine ou le lundi suivant après 19h30. Est ce que cela vous va ?

Maintenant que le conducteur avait à peu près reporté son attention sur la route Françoise pouvait se concentrer sur son Blackberry.
– Je regarde tout de suite. Je me suis laissé convaincre par mon mari et je me suis offert un blackberry. Il paraît que c’est pratique pour rester « connecté ». Elle commença à faire des recherches dans l’agenda. Après quelques minutes de silence durant lesquelles Stéphane attendait, son stylet prêt à prendre des notes, elle reprit la parole.
– Désolé, je ne sais pas si c’est un problème de compatibilité ou de synchronisation mais je n’arrive pas à voir mon emploi du temps. J’appelle mon assistante…

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Notre formation sur le management intergénérationnel