Faut-il tout leur passer ?

C’est sur le blog de Generation Y 2.0 que j’ai lu cette definition de la génération Y : Un « Yers » est une personne qui veut être reconnue pour ce qu’elle est, ses idées, aspirations… Et pas simplement ce qu’elle fait et ses résultats. 

Vous voulez que je vous dise ? Pour moi, cette définition est sans aucun doute la meilleure illustration du paradoxe qui habite cette génération, qui rend son rapport au travail si… « particulier » et sa cohabitation parfois un peu « hasardeuse » avec ceux qui portent en eux une vision plus « old shool » de l’entreprise !

Voilà pourquoi…

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Les Y veulent être reconnus… Mais pas (seulement) sur la base de leurs résultats !

Là où il y a un gap, c’est que – n’en déplaise au petit postier de Neuilly – la première raison d’être d’une entreprise est une raison Economique : celle de faire du Profit, pas de participer à l’épanouissement de l’Humanité en permettant à « qui veut » de faire ses expérimentations et de « se marrer » aux frais de la princesse (entendez « des actionnaires » que ceux-ci soient des entrepreneurs ou des institutionnels). Soyons d’accord, quand on reçoit un chèque à la fin du mois, c’est bien pour délivrer du résultat, pas pour « essayer du mieux qu’on peut… » ou « pour avoir du fun », je me trompe ?

Du coup, n’y a-t’il pas quelque chose d’ « absurde » d’attendre une reconnaissance alors même que le minimum n’est pas délivré… A savoir les résultats !

Après, bien évidemment, il y a toujours des salariés pas contents qu’on ne reconnaisse pas leur « personne », leurs « potentialités » ou leurs « idées géniales »… Alors même qu’ils sont complètement à côté de la plaque du point de vue de leurs résultats ! Seulement, le fait est que l’entreprise est le lieu par définition où les uns et les autres sont jugés et reconnus sur leur capacité à contribuer directement à la performance globale !

Vous voulez aider vos jeunes collaborateurs à avoir la tête sur les épaules ? N’hésitez pas à le leur rappeler de temps en temps !

Les Y veulent être reconnus pour leurs aspirations…

Si j’ai bien compris : Les moins de 30 ans ont de grandes ambitions et de beaux projets pour eux-mêmes et du coup, il serait pressant de leur « coller une médaille » en guise de félicitation… C’est ça ? L’entreprise devrait donc jouer le rôle du « bon parent gratifiant » qui viendrait reconnaître la capacité de son enfant à formuler de jolis projets pour lui-même ?

Euh… J’ai raté un épisode ?

Depuis quand, le fait de formuler de grands desseins pour Soi-même ou pour le Monde implique-t’il de recevoir une quelconque reconnaissance de la part de l’entreprise avec laquelle nous sommes liés par un contrat de travail ? L’égo de ces jeunes « pleins de ressources » est-il si défaillant qu’il doive être en permanence soutenu ?

Vos jeunes collaborateurs déclarent avoir de grandes aspirations et commencent à vous questionner sur ce que vous comptez faire pour les aider à les réaliser ? Grand bien leur en fasse ! N’oubliez pas de leur expliquer que la formule magique du succès en entreprise, c’est 10% d’aspiration pour 90% de transpiration… Pas le contraire !

Les Yers veulent être reconnus pour leurs idées…

La grandeur d’un homme ne se mesure pas au nombre d’idées qu’il est capable de générer en une heure mais plutôt à celui qu’il est capable de transformer concrètement sur un an !

Tout le monde est capable d’avoir des idées… Sans le courage, l’énergie et la persévérance de les mettre en application de façon concrète, celles-ci ne sont rien ! Une idée qui reste une idée, c’est du temps de perdu, rien de moins ! D’autant plus qu’à force d’avoir de bonnes idées et de ne jamais se risquer à les mettre en application, beaucoup finissent par se croire plus futés que les dirigeants qui les guident…

Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre des salariés se plaindre de « DuBoss » : « il fait n’importe quoi », « il pige que dalle », « MOI, à sa place… ».

Les bruits de couloir commencent à devenir assourdissants ? N’hésitez pas une seconde à les challenger… « Tu veux être à la place de DuBoss ? Prends là ! Crée ta boite, monte des équipes, fixe une stratégie, passe à l’action, prends des risques et délivre des résultats ». Il est toujours plus facile de se projeter lorsque l’on est « au chaud » que de « risquer un gros rhume » à sortir de sa zone de confort !

« Les responsabilités et le succès sont pour moi… parce que je le vaux bien ! »

Là encore, de mon point de vue, il y a un formidable décalage entre les croyances (d’une partie) de cette génération et la réalité du monde de l’entreprise… 
A force de gonfler artificiellement la tête des Whyers en leur expliquant qu’ils sont les futures élites de la nation et que du fait d’être restés 5 ans derrière une chaise et de passer quelques examens ils allaient décrocher le gros lot à coup sûr, les écoles ont fini par leur faire croire que :

1 – Le succès était un dû. 
2 – Tout effort (entendu comme « se taper » aussi la partie la moins funky du boulot) devenait inutile à partir du moment où ils avaient décroché le précieux bout de papier.

Pitié ! Arrêtez de leur faire croire qu’ils vivent dans une pub L’Oréal… Il est de plus en plus difficile de faire un entretien avec un commercial fraîchement diplômé sans qu’il ne demande quand est-ce qu’il pourra « manager » ou à quel moment il pourra participer au montage de la stratégie commerciale !!! Le pire dans l’histoire, c’est que ce sont souvent les mêmes que ceux qui ont les plus grosses difficultés à faire tomber leurs résultats en fin de mois…

Et allez savoir pourquoi, il semblerait que les intéressés n’y voient pas le moindre paradoxe ! D’ailleurs, s’ils ne sont pas dans les clous, c’est souvent parce que « le job n’est pas assez riche ou pas assez motivant, parce qu’ils pensent en avoir fait le tour… ».

C’est un peu le syndrôme du « Faites-moi confiance et je me montrerai digne de confiance ». Certains Whyers pensent que c’est à l’entreprise de faire le premier pas (leur faire confiance) et non à eux de démontrer qu’ils sont dignes de se voir accorder la confiance de l’entreprise (en prouvant concrètement et par les résultats qu’ils sont « taillés » pour prendre les responsabilités qu’ils demandent).

Et si les Y étaient intolérants à la frustration ?

Ce qu’il y a de marquant chez certains Whyers, c’est la façon quasi prototypique dont leur comportement traduit cette formidable intolérance à la frustration qui semble caractériser si bien la nouvelle génération : Ils veulent tout (les responsabilités, la reconnaissance, les augmentations de salaire…), tout de suite, sans avoir besoin de démontrer quoi que ce soit (résultats, attitudes et comportements adaptés…)… Et si ça ne vient pas assez vite à leur goût : ils zappent !

Mais au fond, est-ce si délirant que ça lorsque l’on est né dans un univers d’instantanéité, avec un portable greffé à l’oreille, une télécommande à la main et Google « au garde à vous » prêt à répondre à vos moindres questions ?

Certains vous diront sans aucun doute que c’est à vous de vous adapter, que vous avez le devoir d’arrêter de « penser Old Shool » et de vous mettre à la page…

Personnellement, je vous enjoindrais plutôt à ne pas céder à toutes leurs demandes… Pourquoi ? Tout simplement parce que la vie en entreprise ne fonctionne pas comme dans un jeu vidéo. Dans une boite, on n’a pas autant de vies qu’un chat, ni la possibilité d’entrer une combinaison de touches (choppée sur Internet) pour sauter les niveaux jugés trop difficiles…

Tous ceux qui réalisent de grandes choses au quotidien le savent mieux que personne : lorsque l’on veut faire aboutir un projet, que l’on souhaite faire signer un client ou que l’on désire mener à bien de grandes choses, rien ne se réalise jamais tout à fait comme prévu. Il y a toujours des contre-temps, des imprévus, des efforts acharnés qui ne donnent pas à la hauteur de ce que l’on en attendait… Et puis il y a aussi les bonnes surprises, les coups de pouce du destin, les moments où tout vient enfin à se dénouer… 
C’est pourquoi en plus d’un égo plutôt bien balancé, la plus grande qualité de ceux qui font avancer le monde est sans aucun doute leur capacité à persévérer quels que soient les obstacles qui peuvent s’interposer entre eux et la réalisation de leurs rêves les plus fous…

Quel rôle pour les parents (euh, pardon… les RH et les managers) dans tout ça ?

Et bien, peut-être que votre rôle n’est pas de céder à toutes les attentes des Whyers en leur faisant de belles promesses que vous savez que vous ne pourrez pas tenir. 
Peut-être que votre rôle est de leur faire comprendre que certaines positions ne sont pas compatibles avec la réalisation de leurs ambitions dévorantes, de leurs rêves si précieux et de tous ces grands espoirs qu’ils nourrissent, qui font la richesse de leur génération et qui sont une vraie chance pour notre futur à tous… 
Et si votre rôle dans tout ça, au fond, c’était de prendre votre courage à deux mains pour affronter leurs certitudes et les aider à finir de grandir… Tout simplement !