Orthographe et adolescents – Suite aux commentaires, parfois constructifs, qui sont laissés régulièrement sur ce blog et qui concernent l’orthographe, je ne pouvais pas passer à coté du groupe Facebook “Sauvez l’orthographe, mangez un jeune” qui rassemble 56456 personnes sur Facebook.
Ce groupe est fondé sur le constat que les adolescents de la “nouvelle génération” n’ont pas appris la même langue que nous.
La raison est qu’ils ne l’écrivent pas comme nous, en tout cas pour beaucoup d’entre eux… On voit de plus en plus d’aberrations qui, et c’est là le pire, rentrent dans les habitudes de beaucoup de jeunes illettrés.
Ces la fôte d’internet et des parens !?*
Julien Raynaud – étudiant de 25 ans à Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 et créateur de ce groupe – y voit le résultat de :
- L’utilisation abusive de FB, des blogs ainsi que de tous les sites communautaires, favorisant l’émergence de mauvaises habitudes.
- Même argument en ce qui concerne l’utilisation des téléphones portables, donc des SMS.
- Une implication biaisée des parents, qui pensent pouvoir se substituer au milieu scolaire.
- Un niveau d’exigence terriblement bas, en regard notamment de ce qui était demandé il y a quelques dizaines d’années.
- Un manque cruel de suivi des élèves en difficulté, qui se retrouvent à entrer au collège, voire au lycée (!!) avec de graves lacunes.
Orthographe et adolescents
Mes quan ê til vraimen ?*
Une recherche menée en 2006 par Olga VOLCKAERT-LEGRIER, Alain BERT-ERBOUL et Josie BERNICOT du Laboratoire Langage Mémoire et Développement Cognitif (LMDC) lui donnent raison :
- Les adolescents sont en situation de communication quasi-naturelle en courrier électronique
- Le nombre de distorsions orthographiques est plus important en courrier électronique qu’en écrit traditionnel et que des distorsions spécifiques comme les transformations phonétisantes (ss – ç, “mais” – “mes”, “c’est” – “sait”)
- Le registre de l’email respecte l’une des règles pragmatiques de l’interaction : le forme des messages est adaptée à l’interlocuteur. Les adolescents font ainsi plus de distorsions orthographiques avec le pair d’âge qu’avec le professeur.
Télécharger les résultats de cette recherche
* Juste pour le plaisir, car je sais que pour mes lecteurs une faute d’orthographe fait le même effet que le crissement d’une craie sur une ardoise !
Ce discours sur les adolescents mauvais en orthographe est récurrent, même si, je le concède, le phénomène s’est aggravé. Je suggère que vous lisiez un peu les textes de leurs aînés d’aujourd’hui, les cadres quadragénaires, les hommes politiques de tous niveaux scolaires, les présentateurs de télévision, et vos yeux et oreilles seront désagréablement affectés. Lisez aussi les romanciers et essayistes de notre époque et du 19ème siècle, vous trouverez des fautes d’orthographe. Ceci est un constat. La cause de ce naufrage n’est pas dans une génération, mais dans la perte de l’esprit de rigueur et de l’amour de sa langue.
Pas besoin d’être jeune pour faire les pires fautes d’orthographes.
L’utilisation des nouveaux médias dont les SMS, n’est pas contradictoire avec l’exigence du bien écrire et du bien communiquer :
http://zeboute.wordpress.com/2010/08/27/les-sms-ne-font-pas-de-fautes-dorthographe/
“le bien ecrire” n’existe que dans vos petites têtes, la norme orthographique n’etant que le resultat d’un bourrage de crâne instutionnel qui a fait de vous de veritables fascistes de la langue: Que celui qui n’ecrit pas comme l’autorité que je reconnais soit traité de débile !
Lisez donc un peu d’ancien francais et vous verrez que notre langue s’est ecrite phonétiquement pendant la plus grande partie de son histoire, et que si son orthographe s’est compliquee au cours des siècles, ce n’est que l’oeuvre de puissants avides de distinction sociale dont vous vous faites aujourd’hui les defenseurs acharnés en discriminant les jeunes, les pauvres et ceux sans mémoire visuelle.
Aimer sa langue n’est pas la contraindre mais plutot la laisser libre.
Je suis bien d’accord avec vous Antifascistes sur le fait que la bonne langue est une dimension de la distinction des élites.
La langue évolue par notamment le bas, en intégrant officiellement des pratiques qui se sont installées durablement et qui ne peuvent plus être ignorées. Elles sont généralement des évolutions, des raccourcis, du vocabulaire nouveau etc.
Le verlan en est un bon exemple, et je conçois très bien que des mots comme keuf, meuf etc. soient intégrés à la langue.
Mais, car il y a un mais :), le “parlé phonétiquement” pose un problème autre, celui du sens de ce que l’on dit. Quand on orthographe mal certains mots, on change le sens de ce que l’on veut dire, et c’est un problème. L’écriture est, avant d’être un système de distinction, un moyen de communication. Il y a des manières soutenues de parler, qui sont d’ailleurs des expressions de cette distinction. Mais il y a des manières populaires, vulgaires, impertinentes qui restent correctes, qui sont françaises.
À quoi ça sert de le dire ? À se démarquer de ces jeunes en montrant que nous, on fait pas de fautes, ou tout du moins, qu’on en fait moins … surement un peu. Ça permet aussi de rappeler que ceux qui ne cherchent pas à avoir un bon français à l’écrit se fermeront automatiquement des portes. Est-ce que le rappeler participe de l’entretien de ce système de distinction pas l’orthographe … surement, mais bon, c’est juste histoire d’être pragmatique. On peut se féliciter que les jeunes prennent en mains le langage et le fassent évoluer … mais concrètement, ces jeunes sont loin d’être des révolutionnaires par la remise en cause du langage, de l’orthographe … ce sont avant tout des flemmards qui ne font aucun efforts pour bien écrire et qui s’en battent les steaks !