Est-ce que la génération Z est fragile ou est-ce (encore) un jugement sans fondement ? La question se pose, si la génération Y était « zappeuse », est-ce que la génération Z pourrait-elle être qualifiée de « Fragile » ? Au point ou l’armée chouchouterait les jeunes recrues pour ne pas les faire fuir.
Si depuis quelques mois plusieurs articles anglophones et français posent la question, c’est l’intervention de Jonathan Haidt, un professeur en psychologie de l’université de New York (et auteur de « The Coddling of the American Mind« ) qui a mis le feu aux poudres en disant lors d’une interview « qu’il n’y a jamais eu de groupe de jeunes aussi déprimée, anxieuse et fragile que les Y » avant de renchérir « Lorsque vous observez ceux qui sont nés après 1995, vous constatez qu’ils ont des taux extraordinaires d’anxiété, de dépression, d’automutilation, de suicide et de fragilité » .
Selon son interview dans le New York Times, il y a 1 raison principale : les réseaux sociaux.
Alors la génération Z est fragile ?
Selon lui, comme les jeunes d’aujourd’hui passent beaucoup de temps en ligne, ils ont été privés de l’entraînement aux « compétences de l’âge adulte dans un environnement à faible enjeu » avec d’autres enfants. Ils passent moins de temps ensemble et conduisent même moins souvent des voitures.
Les filles sont particulièrement vulnérables, car elles sont souvent attirées par des activités plus isolantes, comme publier et faire défiler des photos sur Instagram, que Haidt appelle « comparer et désespérer », tandis que les garçons participent souvent à des activités de groupe, comme jouer à des jeux vidéo ensemble.
Jusque-là, je suis partagé entre « , c’est un vieux con ! » Et « Mais, c’est vrai ! » Voyons la suite.
Il prend l’exemple que depuis qu’Instagram est devenu populaire parmi les jeunes, les taux de dépression ont grimpé en flèche pour les adolescentes de la Gen Z. Et, il n’est pas le seul à le dire.
Une autre enquête a montré que jusqu’à 42 % de la génération Z a reçu un diagnostic de trouble de santé mentale. Leur fragilité mentale les conduirait à être en « mode défensif » plutôt qu’en « mode découverte », et cela se répercute sur les campus universitaires. Pour citer Haidt : « Les voilà dans les endroits les plus sûrs, les plus accueillants, les plus inclusifs et les plus antiracistes de la planète, mais beaucoup d’entre eux agissent comme s’ils entraient dans un monde dystopique, menaçant et immoral ».
En tant que jeunes professionnels, les membres les plus âgés de cette cohorte de trentenaires prennent moins de risques et innovent moins, une tendance qui pourrait « saper le capitalisme américain ».
NDLR : il oublie une autre donnée concernant leur vie sexuelle en berne.
Et le Pentagone s’y met aussi pour dire que cette génération est fragile : les jeunes « Z » ne seraient pas fragiles que moralement, mais aussi physiquement.
« Le squelette du soldat de la ‘Génération Nintendo’ n’est pas endurci par l’activité avant leur arrivée, donc certains d’entre eux se cassent plus facilement », a déclaré le major du Pentagone et de l’Armée Jon-Marc Thibodeau, responsable de la préparation médicale. « Nous observons des blessures allant des fractures aiguës et des chutes aux déchirures des ligaments croisés antérieurs, en passant par les entorses musculaires et les fractures de fatigue, la grande majorité des blessures étant liées à l’absence de pratique sportive ».
Une grande partie des dommages causés aux vingtenaires provient des réseaux. En fait, dit-il, les dégâts sont « si vastement supérieurs aux dégâts causés par la Covid que nous allons devoir agir. »
Alors, est-ce vrai ? Par expérience, je retrouve ici certaines choses, mais stéréotype ou réalité ?
Les défis auxquels cette génération fait face
Déjà, évacuons tout de suite un cliché de Boomer : celui selon lequel les jeunes doivent se confronter à un marché du travail plus instable que les groupes de jeunes précédents.
Non, la mondialisation et la numérisation n’ont pas conduit à une augmentation des emplois précaires et à une diminution des emplois stables. Ça, c’est un truc de Xers ! Les jeunes sont souvent embauchés en CDD ou en intérim, et ont du mal à trouver un CDI.
Alors, ok, si le CDI reste plébiscité par 80 % des salariés français selon une étude que nous avons mené en début d’année, il est de moins en moins un symbole de réussite professionnelle et de stabilité ! Notamment auprès des jeunes actifs chez lesquels le statut d’indépendant devient le premier choix pour 50 % des 18-24 ans ! Alors certes, cela les place dans une situation d’insécurité financière et limite leur capacité à planifier leur avenir. Et aux états-unis, celui de leurs parents aussi !
Ensuite, l’éléphant dans le placard en porcelaine du magasin de piano : le changement climatique et ses conséquences La majeure partie de la cohorte Z est face aux effets du changement climatique et à la nécessité d’agir pour préserver la planète. Premier effet, les jeunes sont de plus en plus conscients des enjeux environnementaux et s’engagent dans des actions pour le climat. Ils sont aussi les plus touchés par l’éco-anxiété. En plus, ils sont aux premières loges des dérèglements climatiques avec les conséquences du réchauffement climatique sur leur santé et leur qualité de vie, comme les canicules, les inondations ou la pollution de l’air.
Suis l’effet des réseaux sociaux sur la santé mentale. Oui, ce n’est plus une lubie, les réseaux jouent un rôle important dans la vie de la Génération Z et sur leur santé ! Si ces plateformes offrent de nombreuses opportunités pour se connecter et partager, elles peuvent aussi générer des problèmes de santé.. La comparaison sociale, l’addiction et le cyber-harcèlement sont autant de risques liés à l’utilisation intensive des réseaux sociaux. Pour préserver leur bien-être, les plus jeunes doivent apprendre à gérer ces risques et à utiliser les réseaux de manière responsable.
Et n’oublions pas la quête d’identité et de sens. La nouvelle génération cherche à donner du sens à sa vie et à construire son identité dans un monde en perpétuelle mutation. Les jeunes aspirent à un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle, et s’engagent souvent dans des causes qui leur tiennent à cœur. Cette quête d’identité et de sens les pousse à explorer différentes voies et à s’investir dans des projets solidaires et environnementaux.
Et ce n’est pas fini. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui a publié plusieurs études sur les Z,, notamment sur leur insertion professionnelle et leurs conditions de vie. Ces études mettent en évidence les défis auxquels les jeunes sont confrontés, tels que la précarité de l’emploi, les inégalités sociales et l’accès à l’éducation. Oui, en France aussi.
L’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) a réalisé des recherches sur les aspirations et les valeurs de la Génération Z. Selon leurs résultats, les jeunes sont en quête de sens et de solidarité, et accordent une importance particulière à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
L’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) a mené des études sur la santé mentale des jeunes de la Génération Z, notamment en ce qui concerne l’impact des réseaux sociaux. Ces recherches révèlent une augmentation des troubles psychologiques chez les jeunes et soulignent la nécessité de développer des stratégies de prévention et de prise en charge. Ils en sont à parler de détresse mentale !
Si les Z sont fragiles, vous l’êtes aussi comparé à vos grand parents !
Les plus âgés pourraient toujours soupçonner qu’elles sont plus robustes que les jeunes d’aujourd’hui, mais cela est-ce le cas ?
En fait, oui et non. Une étude de 2010, qui a étudié les millennials diplômés d’université entre 2004 et 2008 a montré qu’ils avaient plus de traits associés à une faible résilience que les personnes diplômées avant 1987. Ce qui inclue donc pas mal de gens de plus de 50 ans ! D’autres recherches ont montré que le névrosisme (prédisposition d’un individu à ressentir des émotions négatives) et le besoin de reconnaissance ont augmenté chez les jeunes, tandis qu’une étude de 2012 suggère que les jeunes sont plus centrés sur eux-mêmes qu’ils ne l’étaient dans le passé.
Maintenant est ce que ces mesures montrent réellement que les jeunes sont plus faibles que les anciennes ? Ou sont-elles plutôt le jugement d’une génération façonnée par une société moderne et axée sur la technologie selon les normes d’il y a plusieurs décennies ? Des normes héritées des boomer et au-delà, alors que ces derniers ne représentent plus que 8 % de la population active !
Les groupes générationnels précédentes ont été éduquées pour réprimer plutôt qu’exprimer, mais pour les nouvelles groupes générationnels, c’est l’inverse ! Pour preuve demander à un quinqua si leur père leur a dit qu’il les aimait ! Cela a créé un fossé de perception, les plus âgées voyant cette expression comme un signe de faiblesse, parce qu’on leur a appris que la vulnérabilité est une faiblesse et non une force. »
Est-ce que plutôt, le cliché des jeunes étant plus faibles est en grande partie anecdotique ? Et est-ce qu’elle repose sur un décalage culturel dont les générations expriment leurs problèmes ? Les X et les baby-boomers ont aussi des problèmes, mais en parler peut leur sembler non professionnel. Ce sont peut-être eux qui n’ont pas compris que désormais la norme sociale est la transparence. « Ce que tu me dis m’a vexé et me fait sentir mal, je te le dis. »
L’idée souvent évoquée que les millennials et les Z sont fragiles et agissent de manière égoïste, les empêchant d’accéder à la propriété, est un exemple de la difficulté à juger une génération selon une norme vieille de plusieurs décennies. Les baby-boomers propriétaires, qui étaient jeunes adultes pendant une période de prospérité économique généralisée, se souviennent probablement d’avoir économisé pour acheter leur première maison.
Profitant maintenant des avantages de la propriété, ils commencent à croire que les jeunes incapables de faire de même sont plus faibles qu’eux. Cela revient à ignorer le problème de la flambée des prix de l’immobilier, de la stagnation des salaires, de la montée du travail précaire, de l’augmentation des taux d’intérêt. Autant de facteurs qui empêchent les gens d’obtenir des prêts.
Alors, la Génération Z est-elle réellement fragile?
Oui, si vous utilisez un référentiel qui date de quand Daniel Balavoine était numéro 1 du Top 50. En réalité, la Génération Z présente à la fois des forces et des faiblesses. Elle fait preuve d’adaptabilité et de créativité face aux changements rapides du monde (pas comme vous donc), et se mobilise pour des causes sociales et environnementales. Cependant, elle rencontre également des défis liés à la santé mentale et à la précarité de l’emploi. Comprendre ces forces et faiblesses permet de mieux appréhender les besoins spécifiques de ce groupe générationnel.
Les facteurs de résilience et d’adaptabilité
Plusieurs facteurs contribuent à la résilience et à l’adaptabilité des Z. Certaines datent de 1997. Le soutien familial et social est essentiel pour aider les jeunes à surmonter les difficultés. L’acquisition de compétences émotionnelles et relationnelles leur permet de mieux gérer les défis qu’ils rencontrent. Enfin, des initiatives de mentorat et d’accompagnement peuvent les soutenir dans leur parcours professionnel et personnel.
La remise en question des stéréotypes
Il est important de déconstruire les clichés liés à la fragilité et à l’individualisme des Z. Chaque individu a des expériences et des parcours différents, et il est réducteur de généraliser à partir de cas particuliers. En prenant en compte la diversité des expériences au sein de ce groupe, on peut mieux comprendre ses aspirations et ses défis.
Les perspectives d’avenir pour la Génération Z
Le groupe générationnel Z a le potentiel de relever les défis qui se présentent à elle pour construire un monde plus équitable et durable. L’engagement politique et citoyen est crucial pour leur permettre de s’exprimer et de participer aux décisions qui les concernent. Les nouvelles technologies et les nouveaux modes de travail offrent également des opportunités pour innover et repenser la société.
Pour résumer, les Z n’est pas simplement fragile mentalement ou physiquement, elle est confrontée à un ensemble croissant de défis et d’opportunités qui nécessitent résilience et adaptabilité. Les études françaises et européennes montrent qu’elle est capable de s’adapter et de se mobiliser pour un avenir meilleur. Il est primordial de ne pas réduire cette génération à des stéréotypes, mais de prendre en compte la diversité de ses expériences et de ses aspirations.
Pour soutenir la Génération Z, les politiques publiques et les initiatives privées doivent œuvrer à réduire les inégalités et à promouvoir l’accès à l’éducation, la santé et un emploi de qualité. En travaillant ensemble, tous les acteurs de la société peuvent contribuer à l’épanouissement de cette génération et à la construction d’un monde juste, durable et équitable.