Force est de constater que la génération Y adopte de nouveaux comportements, parfois incompris, pouvant générer des tensions et altérer la qualité de la relation et de la collaboration. Quels sont-ils ? Quelles en sont les origines ? Comment réagir ? Après Maslow, nous vous proposons d’y répondre par le biais du concept des mots d’ordre issu de l’Analyse Transactionnelle.
La personnalité est constituée d’un système de pensées, de ressentis et de comportements. La manière dont chacun perçoit et interagit avec le monde résulte bien souvent des croyances qu’il adopte, de manière consciente ou inconsciente.
Certaines croyances sont propres à la personnalité, d’autres sont acquises en fonction de l’environnement dans lequel la personne a évolué, ainsi que des expériences vécues.
Il existe par conséquent des croyances « individuelles » et des croyances « sociétales », partagées par un groupe de personnes et généralement impulsées et encouragées par la société dans laquelle elles vivent (pays, région, famille, entreprise…).
C’est tout du moins ce qu’Eric Berne, fondateur de l’analyse transactionnelle, a mis en évidence en développant le concept de « mot d’ordre ». Un mot d’ordre peut être définit comme une croyance « normative » (il faut, je dois…) à laquelle on se doit d’obéir (c’est inconscient) si l’on veut être heureux, efficace, respectable, aimé…
L’analyse transactionnelle mentionne 5 mots d’ordre « universels » :
- « Sois fort » : dans la vie il faut se montrer fort, responsable en toute circonstance
- « Sois parfait » : il ne faut jamais commettre d’erreur, toujours tout faire parfaitement
- « Fais plaisir » : les besoins des autres sont plus importants que les siens
- « Dépêche-toi » : seul ce qui est vite fait est bien fait
- « Fais des efforts » : seul ce qui est laborieux est digne de mérite
Si ces « mots d’ordre » ont des intentions positives, ils peuvent constituer un réel frein dans son évolution et son développement personnel par l’excès d’attention que l’on pourrait leur accorder. A ce niveau, ces croyances deviennent « limitantes ».
La génération Y l’a bien compris. Elle s’est émancipée de ces croyances limitantes en observant leurs effets négatifs sur les générations précédentes, car :
- Vouloir être fort tout le temps empêche l’expression des émotions
- Le perfectionnisme génère de la rigidité pour soi et dans sa relation aux autres
- Faire plaisir en permanence empêche l’expression de ses besoins et l’affirmation de soi
- Courir après le temps génère du stress et des tensions avec autrui
- Croire que seul ce qui est difficile a de la valeur empêche d’apprécier les moments simples de la vie, nous positionne en victime et complique certaines situations
Cette génération s’est donc forgée en grande partie par l’évitement des pièges de ces croyances limitantes.
Mais voilà, ce qu’elle ignore, c’est que l’évitement de ces croyances limitantes, bien ancrées dans les systèmes de représentation des générations papy boom (sois fort, sois parfait, fais plaisir) et X (dépêche toi, fais des efforts) génère l’adoption de nouveaux mots d’ordres. Ironie du sort et principe de base de la systémique : « le problème est souvent l’excès de la solution ».
Ainsi, nous pouvons aisément imaginer l’émergence de nouvelles croyances limitantes construites par cette nouvelle génération au regard des nouvelles valeurs sociétales :
SOIS AUTONOME :
Intention positive : Il est une certitude, le bonheur ne dépend pas des autres mais bel et bien de soi ! A ce titre, il est primordial de penser par soi-même, d’être responsable et auteur de son bien-être, d’être autonome sur tous les plans pour ne pas être enfermé, ni dépendre de qui que ce soit pour garder sa liberté d’être et d’agir et si nécessaire, de se soustraire des modèles et pratiques qui n’iraient pas dans le sens de son épanouissement personnel.
Effets de l’excès d’attention : S’il est important d’être autonome, il l’est tout autant de rester relié aux autres et de se réaliser dans le respect de son environnement. A trop vouloir s’émanciper on finit par se marginaliser. Confondre autonomie et indépendance, remettre en cause les règles, les modèles existants, refuser le soutien des autres génère la solitude et l’isolement et peut être perçu comme une attitude rebelle et contestataire. Si ce comportement peut séduire un temps, il peut vite agacer.
PENSE A TOI :
Intention positive : L’épanouissement personnel passe par l’expression et la satisfaction de ses besoins. Il est important de « poser ses limites », de penser à soi. Savoir dire non, refuser de faire ou d’être ce qui n’est pas bon pour soi est salutaire pour son bien-être.
Effets de l’excès d’attention : L’égocentrisme n’est pas l’égoïsme. Si satisfaire ses besoins est important, ne penser qu’à soi, sans prendre en compte les besoins des autres altère la qualité de la relation aux autres et peut aller jusqu’au rejet ou à l’exclusion.
SOIS COMPETENT :
Intention positive : La valeur d’une personne se mesure à son intelligence : intelligence cognitive mais aussi émotionnelle, relationnelle… La connaissance est le carburant de la vie. Se connaitre soi-même, puis comprendre son environnement sont les conditions indispensables pour réussir sa vie.
Effets de l’excès d’attention : A trop vouloir faire les bons choix on risque d’en oublier d’être spontané et on s’expose au sentiment de honte en cas d’échec. De plus, l’expression manifeste de son capital « compétences » peut engendrer un phénomène de supériorité mentale qui sera perçu comme de la vanité et mal vécu par les autres.
PENSE AUX AUTRES :
Intention positive : La compétition ayant des effets négatifs, il est préférable de privilégier le rapport « gagnant/gagnant », voire « donnant/donnant ». Comprendre les différents points de vue, rechercher des solutions satisfaisantes pour toutes les personnes permet d’établir des relations harmonieuses, positives et constructives. Il est important que tout le monde soit gagnant et pour se faire il faut savoir faire des sacrifices au nom de l’intérêt collectif.
Effets de l’excès d’attention : A force de rechercher la satisfaction de tous, on risque d’en oublier ses propres objectifs et reprocher aux autres de ne pas prendre en compte ses besoins. Le consensus peut prendre du temps, trop de temps. L’évitement des conflits peut être perçu comme de la faiblesse ou de la fuite.
La programmation Neuro-Linguistique (PNL) nous apprend que les comportements (partie visible et observable) sont la résultante de pensées et/ou de ressentis (partie invisible et souvent inconsciente) et que chaque attitude ou décision d’une personne est déclenchée par une intention positive (pour elle-même).
Les comportements émergents peuvent être incompris ou mal interprétés. Au lieu de juger, échangez avec la personne sur son intention positive, aidez-là à prendre conscience des conséquences de l’excès d’attention aux mots d’ordre dont elle pourrait bien être la « victime ».
Si la génération Y a su éviter de tomber dans les travers des 5 mots d’ordre adoptés par les précédentes générations, elle n’a pas forcément conscience qu’en le faisant elle en a créé d’autres : « plus ça change, plus c’est la même chose ».