C’est souvent le grand tabou des organisations : on parle de performance, d’engagement, de culture, de leadership… mais très rarement de l’inconfort managérial créé par un flou permanent et le maintien de l’équipe dans la confusion et l’incertitude.
Et pourtant, il coûte cher. Très cher.

Qu’est-ce que l’inconfort managérial ?
C’est ce flou, cette tension, ce malaise – parfois subtil, parfois brutal – qui émerge quand les pratiques managériales ne sont ni claires, ni assumées, ni cohérentes. Que ce soit à cause d’un syndrome de l’imposteur mal assumé ou d’un manque de formation au management comme 70 % des managers français.
Ce n’est pas un concept académique à proprement parler, mais un facteur très concret qui regroupe plusieurs dysfonctionnements invisibles à l’œil nu… mais très visibles sur les comptes.
Concrètement, ça se manifeste comment ?
C’est ce flou permanent qui empêche les équipes d’avancer avec clarté et confiance. Ce n’est pas forcément un management toxique, ni même incompétent, mais plutôt une absence de ligne claire, de cadre, d’intention dans l’animation des équipes.
L’inconfort managérial peut se traduire par des comportements et des situations spécifiques qui affectent à la fois les managers et leurs équipes. Voici quelques exemples concrets, développés pour illustrer ces manifestations :
Des managers qui jouent les pompiers au lieu de jouer les chefs d’orchestre
Au lieu de planifier et de coordonner efficacement, certains managers passent leur temps à éteindre des « incendies » organisationnels. Ils réagissent aux urgences immédiates plutôt que d’anticiper et de structurer le travail. Ce mode de gestion réactif épuise le manager et désoriente les équipes, qui manquent alors de vision claire.
Des collaborateurs qui évitent leur N+1 par peur d’être jugés, mal compris ou infantilisés
Lorsque les salariés perçoivent leur manager comme critique ou peu à l’écoute, ils préfèrent l’éviter et contourner au profit du N+1 . Cela crée une distance relationnelle nuisible à la communication, à la confiance et à l’efficacité collective.
Des décisions qui traînent, des réunions sans finalité, des « on verra plus tard »
L’incapacité à prendre des décisions claires ou à conclure des discussions lors des réunions est une autre manifestation de cet inconfort. Cela engendre frustration, perte de temps et démotivation chez les équipes, qui ne savent pas dans quelle direction aller.
Un flou sur les rôles : « C’est à moi de faire ça, ou pas ? »
Quand les responsabilités ne sont pas clairement définies, cela génère confusion et désengagement. Les collaborateurs ne savent pas ce qu’on attend d’eux, ce qui peut conduire à des tâches non réalisées ou mal exécutées.
Un management par l’humeur : aujourd’hui cool, demain autoritaire
Un manager dont le style fluctue en fonction de son humeur crée un climat d’incertitude. Les collaborateurs ne savent pas à quoi s’attendre et adaptent leur comportement en conséquence, ce qui peut nuire à la productivité et au moral de l’équipe.
Ces manifestations ne relèvent pas nécessairement du harcèlement ou d’une incompétence flagrante, mais elles traduisent un manque d’alignement entre les pratiques managériales et les besoins réels des équipes. Ce décalage peut être résolu par une meilleure formation, un accompagnement adapté ou une réflexion approfondie sur la posture managériale.
D’autres signes courants :
- Managers débordés qui ne prennent pas le temps de s’asseoir avec leur équipe.
- Des décisions reportées puis finalement adoptées sans prévenir personne.
- Managers qui oscillent entre autorité molle et contrôle excessif.
- Une ambiguïté sur les priorités et les rôles
- Un management par la confusion et la contradiction
Ce n’est pas du harcèlement, ni forcément de l’incompétence mais bon, mieux vaut consulter rapidement et nous contacter pour en parler.
C’est un climat d’incertitude managériale qui freine tout : initiative, alignement, communication, efficacité.
Et ça coûte combien, l’inconfort managérial ?
Vous avez sûrement déjà mesuré ce que vous coûte un turnover mal géré, un recrutement raté ou une formation inutile. Mais avez-vous déjà mis un chiffre sur l’inconfort managérial ?
Ce mal discret, souvent invisible aux radars RH traditionnels, agit comme une fuite d’énergie lente… mais massive. Et le plus souvent, personne ne le traque ! Comme le coût du turnover évitable me direz-vous.
Voici quelques postes où l’addition grimpe vite :
1. Réunions inefficaces : le sablier qui fuit
Selon une étude menée par OpinionWay pour Perfony :
- Un cadre passe en moyenne 3h07 en réunion par jour, soit 16 ans de sa vie
- 25 % seulement de ces réunions débouchent sur une décision.
Selon une étude de Doodle, les réunions inutiles coûtent aux entreprises françaises environ 60 milliards d’euros par an, avec une moyenne de 5 à 10 heures perdues par semaine et par cadre.
Pour une entreprise de 100 personnes, la perte annuelle liée aux réunions inutiles est estimée à 2,3 millions d’euros.
2. Désengagement : la spirale silencieuse
Le désengagement n’est pas toujours bruyant. Il se glisse dans les petites phrases : « Je fais ce qu’on me demande, pas plus », « C’est pas mon rôle », « Ça sert à quoi ? ».
Gallup estime la baisse de productivité liée au désengagement entre 15 % et 30 %.
En France, cela représente une dépense inutile de 10 000 € à 14 840 € par an et par collaborateur désengagé.
3. Turnover évitable : quand le problème, c’est le N+1
« On ne quitte pas une entreprise, on quitte un manager ». La formule est connue, mais trop peu d’entreprises l’intègrent dans leur stratégie de rétention.
Le coût d’un départ est en moyenne de 6 mois de salaire, jusqu’au triple pour un cadre.(recrutement, intégration, perte de productivité).
4. Présentéisme masqué : là mais pas là
C’est cette personne qui est physiquement présente… mais qui a déjà mentalement décroché.
Elle remplit ses tâches, mais sans énergie. Elle n’ose pas proposer, elle n’innove plus. Et sans parler de coffee Badging.
C’est une perte de valeur qui ne se mesure pas facilement, mais qui pèse sur la dynamique collective.
Selon une étude britannique relayée par Malakoff Humanis, le présentéisme coûte 2 à 3 fois le coût de l’absentéisme. Sachant que le cout de l’absentéisme a coûté 45,1 milliards d’euros en 2023, cela représente 1690 euros par salarié. Le présentéisme couterait environ 4000 euros par salariés.
5. Micro-conflits : l’énergie gaspillée
Pour évaluer le coût des micro-conflits en entreprise, il est essentiel de considérer l’énergie gaspillée qu’ils engendrent. Voici une analyse détaillée et chiffrée :
Temps de gestion managériale accru
- Estimation du temps : Les managers consacrent en moyenne 25 à 40 % de leur temps à gérer les conflits, selon diverses études.
- Coût : Si un manager gagne 70 000 € par an, cela représente entre 17 500 € et 28 000 € de son salaire annuel dédié à la gestion des conflits.
Arbitrages à répétition
- Temps et ressources : Chaque arbitrage nécessite du temps et des ressources, souvent sans garantie de résolution durable.
- Coût : Les entreprises peuvent dépenser entre 1 000 € et 5 000 € par conflit pour les arbitrages, en fonction de la complexité et des parties impliquées.
Méfiance qui freine la collaboration
- Impact sur la productivité : La méfiance réduit la collaboration, l’innovation et la performance globale de l’équipe.
- Coût : Une étude a révélé que les entreprises avec une forte culture de confiance ont une productivité supérieure de 50 % par rapport à celles où la méfiance est prédominante.
Coût total estimé
- Coût direct : Temps de gestion, arbitrages.
- Coût indirect : Baisse de productivité, perte d’innovation, dégradation du climat social.
En combinant ces éléments, on peut estimer que les micro-conflits coûtent aux entreprises plusieurs milliers d’euros par employé et par an, en fonction de la fréquence et de l’intensité des conflits.
Pour résumer, le cout de l’inconfort managérial comprend :
- Temps perdu en réunions non préparées ou inutiles → 5 à 10 heures par semaine et par cadre.
- Désengagement insidieux → baisse de productivité estimée entre 15 et 30 % selon Gallup.
- Turnover évitable → Entre 6 et18 mois de salaire en prenant en compte perte de temps, productivité, recrutement, baisse de moral, etc.
- Présentéisme masqué → des collaborateurs physiquement là, mentalement ailleurs coûterait 4000 euros par an et par salarié.
- Micro-conflits → drainent l’énergie collective et jusqu’à 40 % du temps des managers soit environ 20 000 euros
Petit calcul maison pour une PME de 100 personnes
Prenons une PME avec 10 managers rémunéré 70 000 euros selon la moyenne donnée par Glassdoor), chacun en charge de 10 collaborateurs.
- Réunions inutiles :
- 1h/jour de réunions inutiles x 10 managers = 10h/jour
- x 5 jours = 50h/semaine
- x 45 semaines/an = 2 250 heures
- x 30 €/h (coût complet) = 67 500 €/an
- Départs évitables :
- 10 départs évitables x 25 000 € = 250 000 €
- Désengagement :
- Désengagement de 30 % des salariés (30 personnes) x 10 000 € = 300 000 €
- Présentéisme (Là, mais pas là):
- Si l’on considère que le présentéisme coûte 2 fois plus cher que l’absentéisme, et que l’absentéisme coûte en moyenne 1690 € par salarié, on peut estimer le coût du présentéisme à : 1690 € x 2 = 3380 € par salarié.
- Si 30% des salariés sont en situation de présentéisme (30 personnes), le coût total serait de 30 personnes x 3380 € = 101 400 €
- Micro-conflits (énergie gaspillée):
- Si l’on prend une estimation basse de 1000€ par an et par employé : 1000€ x 100 employés = 100 000 €
Coût total estimé
67 500 (Réunions) + 250 000 (Départs) + 300 000 (Désengagement) + 101 400 (Présentéisme) + 100 000 (Micro-conflits) = 818 900 €
L’addition est salée ! Près de 818 900 € de pertes annuelles en hypothèse basse. Pour avoir fait ce calcul plus précisément chez des clients, cette perte représente 1 à 2 mois de charges salariales.
Bien sûr, ces chiffres sont des estimations, mais ils permettent de prendre conscience de l’impact financier considérable d’un management inefficace.
Et maintenant ?
L’inconfort managérial est un impôt silencieux qui vient s’ajouter au cout du turnover que les entreprises paient chaque jour.
Il ne figure pas dans les comptes, mais il est partout : dans les attitudes, les décisions repoussées, l’énergie perdue.
Vous pouvez :
- Continuer à faire « comme avant », et espérer que les choses s’améliorent toutes seules.
- Ou décider de former vos managers à une posture claire, incarnée, facilitante.
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