C’est à Montréal que nous avons rencontré Alain, ce Franco-canadien qui est devenu à 32 ans le plus jeune directeur de la filiale canadienne d’un grand groupe d’assurance. Au Québec, cette entreprise de 150 salariés est composée à 60% par des personnes de moins de 30 ans et de plus de 30 nationalités ! Alain nous explique pourquoi il a le sentiment que la génération Y est une culture différente…de plus.
Des cultures qui changent selon nos services.
Dans l’Assistance par exemple, il s’agit majoritairement d’immigrants – parfois surdiplômés – qui construisent leur première expérience professionnelle au Canada. Ils savent qu’ils ne sont là que temporairement mais cherchent pourtant à faire leur travail avec sérieux car ils connaissent l’importance des recommandations dans le parcours de recrutement.
Ensuite, vous avez le département Télémarketing qui rassemble des locaux (Québécois) et des anglophones (Venant du reste du Canada). Ils sont à leur niveau de compétence et nous essayons de les fidéliser. Maîtriser notre turnover est vraiment important pour nous car nous recrutons 150 personnes par an (sur 150 salariés, je vous laisse calculer le taux de turnover…). La première semaine est décisive. Beaucoup partent après avoir découvert que le téléphone n’est pas pour eux ou profité de la formation (gratuite) que nous dispensons lors de l’intégration.
Plus long à démarrer mais plus efficace
Sans rentrer dans le détail des différences de travail entre nationalités, où plutôt entre temps de présence sur le territoire canadien, j’ai pu remarquer certaines différences liées à cette « culture Y ».
Tout d’abord, ils demandent toujours « Pourquoi ». C’est vraiment la « Génération Why ». S’ils n’ont pas compris, où s’ils ne sont pas d’accord : ils ne feront pas. Par contre, s’ils comprennent et adhèrent, vous pouvez être sur qu’ils atteindront les objectifs demandés au-delà de toute attente.
Des différences avec les Y de « chez nous »
Ici les jeunes travaillent très tôt. Parfois dès 13 ans ils doivent se débrouiller car leurs parents ne leurs donnent pas d’argent de poche. Ils doivent se débrouiller avec des « Jobines » : comme travailler dans une épicerie, tondre le gazon, distribuer les journaux, etc.
Ils arrivent ainsi sur le marché du travail plus matures que leurs homologues français et considèrent un emploi temporaire comme un vrai travail, là où les français feraient la fine bouche en considérant tout travail non permanent comme dégradant s’il ne correspond pas à leur niveau de compétence.
Ce qui à mon avis explique bon nombre de problèmes d’intégration des français à l’étranger. Ils cherchent le même niveau d’expertises et de rémunération alors qu’ils sont nouveaux dans le pays et qu’ils ont (de nouveau) tout à prouver.
« J’étais trop Y pour eux ! »
Il m’a fallut à moi aussi m’adapter. Ils sont par exemple venus me voir un jour en groupe pour me demander d’arrêter de répondre à mes mails, d’avoir une discussion sur MSN ou de répondre au téléphone alors que j’étais en entretien avec eux. Ils m’ont demandés de ne m’adresser qu’à eux et de les regarder dans les yeux pour leur montrer que j’étais avec eux. Faire autre chose pendant que je leur parlais était mal perçu.
Autre chose, même si je suis fan de Facebook moi-même, j’en ai supprimé l’accès ! Ils passaient trop de temps sur ce site et oj’en avais assez de systématiquement retrouver les photos de nos fêtes professionnelles ou personnelles sur le net !