Ah les jeunes, témoignage

« La jeunesse d’aujourd’hui, ce n’est plus ce qu’elle était ! » par Lucie Walter…21 ans

Lucie, actuellement en licence professionnelle en Management des Organisations à l’IUT de Metz, est en alternance. Ses projets incluent la poursuite d’un diplôme universitaire dans l’événementiel (pour le plaisir) avant de trouver un emploi dans la communication.

J’ai 21 ans et je me rends compte que j’ai parfois l’impression de parler comme mon père. Peut-être pas de la même manière, mais j’arrive à trouver des différences entre ma génération et celle de mon petit demi-frère de 12 ans…

ah les jeunes

À l’époque, quand j’avais son âge, je n’avais peut-être pas de téléphone portable – j’ai eu mon premier à 16 ans – mais mon père me disait déjà : « Lorsque j’avais ton âge, on n’avait pas tout ça… Je prenais mon vélo pour aller jouer au foot avec mes copains. Pas de téléphone portable, ni de téléphone tout court, parce que ça coûtait cher. Alors on sortait et on allait sonner aux portes… »


Une réponse simple : « Oui papa, tu as raison, mais c’était à ton époque… ». Sous-entendu, « vive le temps des dinosaures », même si mon père n’est pas très vieux, il a la cinquantaine.

Aujourd’hui, nous bougeons peut-être moins, mais nous bougeons quand même un peu. Le portable nous sert à nous assurer de ne pas bouger pour rien… Puis aussi, à être en permanence en contact avec nos amis, et bizarrement, même si on se voyait toute la journée en classe, le soir on avait quand même plein de choses à se raconter.

Aujourd’hui encore, le portable reste important. Il n’y a plus du tout de MSN mais plutôt Facebook. Et encore, je parle en tant que cas particulier, parce que depuis que je suis née, j’ai beaucoup voyagé à l’étranger, et Facebook me sert pour rester connecté avec mes amis et ma famille. Ceci dit, j’ai remarqué qu’en France les jeunes y sont tout le temps et pour n’importe quoi.

À croire qu’ils passent leur vie dessus… Je dirais même que nous n’avons plus besoin de détective privé pour savoir la vie d’un jeune aujourd’hui, il suffit d’être amis sur Facebook et nous pouvons tout savoir… Et j’ai remarqué ça avec mon frère, qui lui, attention, ne bouge plus du tout… Génération ordi, télé, jeux vidéo et portable… Avec ma mère, nous l’avons un weekend sur deux et la plupart du temps, quand il est là… Aucune conversation ne l’intéresse et même avoir une conversation est assez difficile… Il passe de ses jeux vidéo à la télé tout en textotant… de la télé à l’ordinateur et de l’ordinateur à ses jeux vidéo. Je ne sais pas comment il fait pour ne pas sortir du weekend…

Alors, quand je repense à mon papa qui me reprochait cela et que je vois mon frère faire ce qu’il fait, je me dis que finalement je ne suis pas si paresseuse que ça…

Car oui, les technologies occupent une place prépondérante dans notre quotidien. Je l’admets, je suis capable de retourner chez moi si j’oublie mon portable, car passer une journée sans lui semble impensable. Cependant, cela ne signifie pas que je sois constamment dessus. À mon avis, nous nous adaptons simplement à notre époque. Néanmoins, je constate une certaine dégradation des comportements et des interactions sociales.

Un premier exemple frappant concerne l’attitude des jeunes. Avant d’avoir ma voiture, je prenais régulièrement le bus et il m’arrivait d’attendre devant un collège à la sortie des élèves. Le comportement de certains, particulièrement des 12-13 ans, m’a profondément choquée. Leur manière de répondre aux surveillants, leur attitude provocatrice et leur propension à chercher les conflits m’ont marquée. La façon dont ils soutiennent le regard de leur « supérieur » dans un défi silencieux, comme pour affirmer leur supériorité, traduit un manque de respect flagrant. À leur âge, ni moi ni mes camarades n’affichions une telle insolence.

Un autre exemple concerne la répartition des tâches au sein de ma famille, qui s’organise selon les tranches d’âge. Nous sommes huit cousins et cousines : quatre entre 18 et 22 ans et quatre, dont mon frère, entre 10 et 14 ans. En plaisantant, je faisais remarquer à ma tante que j’étais seule à mettre la table, en soulignant que « la jeunesse d’aujourd’hui, ce n’est plus ce que c’était ! » Mes jeunes cousins et cousines, absorbés par la télévision, ne sont pas venus m’aider, alors que mettre la table est une tâche simple et rapide. À leur âge, j’étais tenue d’aider et je risquais de me faire gronder dans le cas contraire.

Alors, que faut-il en déduire ? À mon sens, tout repose sur l’éducation que nous recevons. Affirmer que tous les jeunes se ressemblent serait faux. Il existe également des jeunes de mon âge complètement inactifs, rivés à leur ordinateur toute la journée.

Je crois que lorsque nous désirons réellement quelque chose, nous avons la capacité de l’accomplir et de le réaliser. Cela fait deux ans que je suis en alternance, et ce n’est pas toujours facile. Je pense que l’expérience en entreprise m’a fait mûrir, mais c’est aussi ma propre volonté qui m’a permis de m’adapter aussi aisément. Voyager contribue également à cette adaptation.

Je peux observer et comparer les différences entre mon père, moi-même et mon petit frère. La distinction est flagrante. La question se pose alors : évoluons-nous vraiment ou sommes-nous en train de régresser ? À l’ère actuelle, nous sommes constamment assistés au quotidien… Sans électricité, nous sommes presque incapables d’agir. Les jeunes d’aujourd’hui ne savent plus lire une carte géographique, préférant se reposer sur le GPS pour se guider. Pourquoi faire bouillir de l’eau pour cuire des pâtes quand il existe des repas préparés qui ne nécessitent qu’un passage au micro-ondes ?

Il est indéniable que la technologie est devenue une nécessité incontournable de notre vie quotidienne, et il semble impensable de s’en passer. Cependant, cela ne signifie pas que revenir occasionnellement à des méthodes plus traditionnelles serait une mauvaise chose. En effet, certaines valeurs essentielles semblent se perdre dans cette course effrénée vers la modernité.

Il est important de se rappeler que la vie n’était pas moins belle ou moins riche à l’époque de mon père. Bien au contraire, l’absence de certaines technologies imposait une manière de vivre qui favorisait l’interaction humaine directe, l’autonomie et la résolution de problèmes sans l’aide constante d’appareils électroniques. Les activités simples, comme jouer au football entre amis sans la médiation d’un écran, ou cuisiner un repas de A à Z, enrichissaient le quotidien d’une manière différente, peut-être plus tangible.

Cela ne signifie pas qu’il faille rejeter en bloc les avancées technologiques, mais plutôt qu’il est essentiel de trouver un équilibre. Il est crucial de préserver certaines compétences et valeurs traditionnelles tout en embrassant les opportunités offertes par la modernité. En fin de compte, l’enjeu est de s’assurer que la technologie nous serve sans pour autant nous desservir, nous permettant de vivre pleinement et richement, en harmonie avec notre environnement et nos proches. La vie à l’époque de mon père avait ses propres charmes et leçons à offrir, tout comme la nôtre aujourd’hui. Trouver le juste milieu entre les deux pourrait être la clé d’une existence équilibrée et épanouie.

Parce que la vie n’était pas moins belle à l’époque de mon père !!