Si vous avez bien compris que ce titre avait été choisi dans un souci de référencement, cela reste une question que l’on nous pose fréquemment comme s’il existait une procédure à suivre pour motiver la génération Y…
Il faut tout de même s’interroger sur les raisons pour lesquelles les dirigeants, responsables RH et managers se préoccupent de cette génération Y alors qu’ils ne se posaient pas vraiment de questions concernant les générations précédentes…
Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi cette nouvelle génération semble poser plus de difficultés aux entreprises que les précédentes à être motivée ? Si nous sommes persuadé que la raison tient d’abord dans la maturité et la recherche de réponse de l’encadrement intermédiaire (qui semble se poser beaucoup de questions), inspirons-nous des principales théories de la motivation pour poser le cadre. Explorons ces théories afin d’identifier ce qui a changé et ce qu’il convient de faire évoluer dans les pratiques managériales pour favoriser la motivation et l’engagement de cette culture et de toutes les autres. Rappelons au passage, que nous sommes tous sur le même bateau : éducation, crise, technologies… Nous sommes tous concernés.
Tout d’abord, la plus célèbre et la plus connue : la Motiver la génération Y : Mode d’emploi (1954)
Elle énumère 5 principaux besoins que l’Homme au travail recherche à satisfaire, et ceci dans un ordre hiérarchique précis, considérant que la recherche de satisfaction d’un besoin est déclenchée par la satisfaction du besoin précédent.
Les 5 besoins à satisfaire sont :
- Besoin physiologiques
- Besoins de sécurité
- Besoins d’appartenance
- Besoins d’estime
- Besoin de réalisation
Cette théorie, jamais démontrée scientifiquement et qui montre ses limites au niveau individuel, a été conçue à une époque où la vie était « linéaire » : on terminait ses études plutôt jeune, on rejoignait dans la foulée une entreprise, on évoluait en son sein, jusqu’à l’âge de la retraite. On était alors fidèle à son employeur, qui en retour nous protégeait. C’était l’époque de la relation où l’entreprise était en mode « parent » (mon fils, si tu fais ce que je te dis, comme je te le dis, tu seras heureux dans cette belle famille!), et le salarié en mode « enfant » (je fais ce que me dit papa car je sais que c’est bon pour moi). Oui, l’entreprise paternaliste dans toute sa splendeur.
Le monde s’est profondément transformé depuis. Il n’est plus linéaire. Il est devenu cyclique, constitué d’une multitude de ruptures (licenciements, divorces…) dans tous les domaines de vie (travail, couple, famille, amis, loisirs…). Si le fond reste inchangé (typologies de besoins), le contenu, à savoir la manière de satisfaire chaque besoin a évolué. A ce titre, nous vous proposons de passer en revue chaque niveau de besoin, de décrire pour chacun ce qui a changé et d’explorer les conditions actuelles de satisfaction, puis de présenter les postures et les pratiques managériales adaptées.
Par ailleurs, l’ordre de satisfaction s’est inversé en ce qui concerne les besoins secondaires : la génération Y cherche avant tout à connaitre les conditions de son épanouissement personnel, va ensuite identifier ses besoins à satisfaire, rechercher en quoi et comment le travail peut y contribuer puis vouloir rejoindre un environnement qui le lui permette.
Ce nouveau mode de pensée modifie en profondeur les conditions de la motivation au travail, inverse l’ordre de satisfaction des besoins et requiert de la part des managers une nouvelle posture.
Nous n’estimons pas utile d’aborder le premier niveau “physiologique”. Vous savez déjà qu’il s’agissait de manger, de se vêtir, d’avoir un toit au-desssus de la tête et une connection décente à Internet. Nous commençons donc directement avec le second niveau :
2 – le besoin sécuritaire
Le niveau Ce niveau vise à se protéger contre les menaces susceptibles de remettre en cause sa stabilité, ce qui est acquis.
Ce qui a changé :
La génération Y s’est « construite » sur fond de crise, dans un contexte économique perturbant et incertain. L’hyper concurrence, la montée du chômage, les restructurations génèrent du doute et de la peur. L’employeur ne peut plus garantir son rôle protecteur.
Dans ce contexte, la génération Y pense qu’il lui faut s’auto satisfaire. Elle comprend et accepte l’environnement précaire dans lequel elle vit et apprend l’importance de développer son autonomie. Ceci va avoir deux conséquences majeures :
1 – elle développe une attitude égocentrique. Elle cherche avant tout à satisfaire ses besoins. Pour se faire, elle va adopter une posture d’Adulte, malmenant ainsi le rapport traditionnel en entreprise entre le manager (souvent en posture de Parent) et son collaborateur (qui endosse celle d’Enfant).
Les managers ont du mal à comprendre ce nouveau comportement et font bien souvent l’amalgame entre égocentrisme (Adulte qui cherche à satisfaire ses besoins) et égoïsme (Enfant rebelle qui veut ne satisfaire QUE ses besoins).
2 – elle va s’émanciper de l’autorité hiérarchique. Elle sait que l’employeur ne peut plus lui garantir un emploi durable et ne le lui reproche pas. En contrepartie, elle attend de lui qu’il cesse son comportement de « parent » et se comporte envers elle en « d’adulte responsable ».
Pour satisfaire ce besoin de sécurité, certains vont vouloir rejoindre un environnement stable et durable (fonction publique, grande entreprise), d’autres vont se lancer dans l’entreprenariat (augmentation du nombre de créations d’entreprises). Pour les autres, la majorité, ils vont identifier en quoi et comment l’entreprise va pouvoir satisfaire leurs besoins.
L’engagement devient conditionnel (je m’investis si mes besoins sont satisfaits), le rapport « donnant/donnant ».
Comment motiver la génération Y à ce niveau de besoin ? :
– Créer de la confiance en faisant preuve d’authenticité :
Cette génération est « adulte ». Elle a le sens des responsabilités. Son niveau d’accès aux informations et sa maturité font qu’elle n’est pas dupe. Elle préfère entendre ce qui est déplaisant plutôt que d’avoir le sentiment d’être leurré par un discours politiquement correct. N’hésitez pas à faire preuve d’assertivité, à lui dire avec objectivité ce qui est plaisant et déplaisant, elle l’acceptera volontiers et vous respectera d’être transparent, honnête et sincère avec elle.
– Créer de la confiance en faisant preuve de courage :
Elle a besoin d’avoir confiance en son manager. Osez dire non ! Et quand vous dites Oui, respectez votre engagement. Elle acceptera les contraintes si elle les comprend. Elle respectera un manager qui osera dire non parce qu’elle est consciente que tout n’est pas possible. De plus tout le monde sait qu’un « non » donne une grande valeur au « oui ».
Lire la seconde partie : Maslow et la motivation version 2010, la suite
Lire la troisième partie : Le besoin d’estime
La quatrième et dernière partie : Le besoin de réalisation
La connection à internet! version moderne du besoin de créer du lien. Je me demande comment la personne qui a un toit, des vêtements et de la nourriture a-t-elle pu se procurer tout cela pour être satisfaite si ses copains ne l’avaient pas aidée!! Pour survivre physiologiquement, elle a bien dû créer son 1er réseau! la famille par exemple.
D’ailleurs c’est la qualité du lien qui fera la différence, plutôt que la multiplicité des liens du type facebook. La qualité du lien dépend du niveau de confiance que j’accorde aux membres de mon réseau. Puis-je compter sur eux pour m’aider à construire ma cabane au fond des bois?? Elle dépend aussi de ma capacité à les rallier autour d’un projet commun en communiquant un objectif partageable du type, j’ai besoin de construire ma cabane pour être protégée contre les loups et les intempéries, et puis tu pourras en profiter le temps que je t’aide à construire ta cabane aussi, ou autre chose. C’est la réciprocité dans le lien qui renforce alors le lien de confiance. Voilà, il y a plein de chose à dire sur le lien. Contente que tu ai pensé à indiquer la connection internet dans les besoins physiologiques!!
Bonjour,
Ce billet m’étonne un peu venant de vous, chez Benjamin Chamindade. J’ai beaucoup suivi vos réflexions cette dernière année. En effet, j’ai orienté mes recherches de mémoire de fin d’étude autour des nouvelles méthodes de formations professionnelles et des généralités faites au sujet des jeunes de la génération Y.
Il me semblait pourtant que vous étiez assez réticent face à certains stéréotypes fixés sur les distinctions intragénérationnelles et vous parliez même de “Jeniors”.
Dans le cadre d’une recherche empiriques (enquête réalisé auprès de 7 000 actifs), j’ai réalisé un croisement selon l’âge des répondants en reprenant les besoins de la pyramide de Maslow.
J’en ai déduit de ce croisement, que malgré de légères différences, les besoins des actifs (ou individus) sont semblables. (reconnaissance, autonomie étant les deux facteurs ressortissants pour chacune des tranches d’âges)
Je pense, que c’est la société qui est en pleine mutation : l’attitude d’égocentrisme, d’individualisme, vaincre l’autorité etc etc.. Les besoins et les attentes des individus changent globalement. Nos parents utilisent des smartphones, ils partent en vacances à l’étranger, et se connectent à internet en rentrant le soir, et créent des blogs pour satisfaire leur besoin de reconnaissance !
Ne devons nous pas parler finalement d’une Société Y ??
Bien à vous,
Hélène
Une jeune de la “Génération Y”, épuisée par les généralités faites par les médias
Francis, vous avez une formation en analyse transactionnelle (entre autre), non ? J’apprécie beaucoup le site, j’y ai lu un article l’autre jour et maintenant je prends le temps d’en lire d’autres dont celui-ci. C’est marrant car je suis de 77 et je m’identifie en partie à la génération Y (relation adulte-adulte par exemple), mais pas entièrement (IE: j’ai pas de blog et j’ai encore des notions de loyauté inconditionnel qui me parasitent, bien que j’y travaille :p).
Continuez comme ça en tout cas ! Au plaisir de vous lire de nouveau.