La Fondation pour l’innovation politique a communiqué les résultats d’une enquête sur les jeunes et la manière dont ils voyaient le monde. Cette étude est particulièrement intéressante car elle conforte certaines tendances des jeunes Français et surtout permet de comparer leurs perceptions avec celles d’autres jeunes résidant dans 24 autres pays dans le monde.
La famille au cœur des aspirations
Vers un nouveau paradigme de bonheur
Réévaluation des priorités : la famille avant la carrière
L’importance croissante accordée à la famille et à la parentalité, avec respectivement 58% et 47% des jeunes exprimant le désir de fonder une famille et d’avoir des enfants, marque un changement significatif dans les aspirations personnelles. Ce désir, qui place la Russie juste devant la France en termes de priorités familiales, souligne une réorientation des valeurs vers des satisfactions plus intimes et durables que celles offertes par la réussite professionnelle.
Les implications pour le recrutement et la rétention des talents
Cette évolution des priorités personnelles pose un défi aux entreprises dans leur stratégie de recrutement. Promettre une progression de carrière axée uniquement sur le succès et l’enrichissement matériel apparaît désormais décalé par rapport aux motivations réelles de nombreuses personnes. La tendance croissante à rechercher un travail ayant un impact positif sur la société reflète un besoin de sens et de contribution qui dépasse les critères traditionnels de succès professionnel.
Le contraste avec les pays émergents
Une question de stade de développement
La perception du bonheur en fonction du contexte économique et culturel
Alors que dans les pays émergents comme l’Inde et la Chine, une majorité significative (64% et 57% respectivement) croit encore que l’argent contribue au bonheur, ce contraste avec la France met en évidence des différences fondamentales dans les étapes de développement économique et les valeurs culturelles. Cette divergence reflète non seulement des besoins matériels plus pressants dans les économies en croissance, mais aussi une phase différente dans la perception collective du bien-être et de la réussite.
Adapter les modèles d’entreprise aux nouvelles aspirations
La nécessité d’une révision des valeurs et des offres d’emploi
Les entreprises doivent reconnaître et s’adapter à ce changement de paradigme dans les aspirations personnelles et professionnelles. Offrir des opportunités de carrière qui valorisent l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, soutiennent la parentalité et contribuent positivement à la société peut être un facteur clé pour attirer et retenir les talents. En intégrant ces valeurs dans leur culture et leur proposition de valeur, les entreprises peuvent mieux répondre aux attentes d’une nouvelle génération en quête de sens et d’impact.
Ce réalignement des priorités vers la famille et l’impact social souligne l’importance pour les entreprises de repenser leurs stratégies de recrutement et de fidélisation pour s’aligner sur les aspirations profondes des individus. En reconnaissant la quête de sens et l’importance des engagements personnels comme des composantes essentielles du bonheur et de la satisfaction au travail, les organisations peuvent forger des environnements de travail plus inclusifs, motivants et respectueux des besoins de leurs collaborateurs.
Vers une société plus équitable
Le déclin de l’individualisme au profit de la collectivité
La quête d’une répartition équitable des richesses
La société idéale, pour une majorité de 67%, se fonde sur une répartition équitable des richesses, plutôt que sur la valorisation de la performance individuelle. Ce constat révèle un désir profond de justice sociale et d’égalité, marquant peut-être un tournant significatif dans la perception des valeurs sociétales. Alors que seulement 33% des personnes sondées mettent l’accent sur la performance individuelle, il apparaît que l’aspiration collective se dirige vers un modèle plus inclusif et solidaire.
La solidarité intergénérationnelle : un engagement envers les retraites
Avec 61% des sondés prêts à contribuer financièrement aux retraites des générations antérieures, nous observons une volonté marquée de soutien intergénérationnel. Cette disposition témoigne d’un sens aigu de la responsabilité collective et d’un engagement envers le bien-être des aînés, remettant en question les modèles basés exclusivement sur l’accumulation individuelle de richesse.
Remise en question du capitalisme et des modèles de gestion traditionnels
L’interrogation sur les limites du système capitaliste
La préférence pour une société centrée sur l’équité interroge sur la viabilité à long terme du capitalisme dans sa forme actuelle, souvent critiquée pour son accent mis sur la matérialité et l’individualisme. Les résultats de cette enquête suggèrent une prise de conscience croissante des limites et des inégalités engendrées par un système trop axé sur la performance individuelle et la concurrence.
L’impact sur les pratiques de gestion en entreprise
Cette évolution des mentalités pose un défi aux entreprises qui continuent de privilégier les incitations financières individuelles comme principal levier d’attractivité. L’exemple d’Apple, où les collaborateurs ne sont pas rémunérés à la commission mais expriment néanmoins une fierté forte d’appartenir à l’entreprise, illustre parfaitement cette dynamique. Ce modèle montre que la motivation et l’engagement des salariés peuvent être fortement influencés par des facteurs autres que la rémunération, tels que le sentiment d’appartenance, la mission de l’entreprise, et la culture d’innovation et de collaboration.
Vers une nouvelle ère de gestion et de valeurs d’entreprise
L’aspiration à une société plus juste et équitable, ainsi que la volonté de soutenir la solidarité intergénérationnelle, suggèrent une évolution vers des pratiques de gestion qui valorisent davantage la collectivité et la contribution à un bien commun. Les entreprises qui reconnaissent et intègrent ces valeurs dans leur modèle de gestion seront mieux placées pour attirer et retenir les talents, en répondant aux attentes d’une société en quête de sens et d’impact positif. L’exemple d’Apple incite à repenser l’attractivité de l’entreprise non seulement en termes de rémunération, mais aussi en termes d’adhésion à des principes et des objectifs qui transcendent l’intérêt individuel.
Le fossé croissant entre citoyens et représentants politiques
La confiance des citoyens envers leur gouvernement est alarmante, avec seulement 17% des sondés exprimant une telle confiance. L’intérêt limité pour le militantisme politique, affiché par seulement 12% des répondants, et l’orientation vers le milieu associatif par 46% d’entre eux, révèlent un désenchantement notable vis-à-vis des institutions politiques traditionnelles. Cette rupture s’accentue avec l’augmentation des taux d’abstention aux élections, à l’exception notable des scrutins présidentiels, témoignant d’une désillusion persistante au cours des trois dernières décennies.
La recherche d’alternatives dans l’engagement associatif et communautaire
Face à un sentiment d’aliénation envers le pouvoir politique, les citoyens se tournent vers des formes d’engagement plus directes et personnelles. L’essor des associations et des réseaux communautaires illustre cette quête d’appartenance et d’impact au sein de structures perçues comme plus accessibles et réactives aux besoins individuels et collectifs. Ce mouvement vers le “côté” souligne une volonté de reconstruire du lien social et d’agir concrètement sur son environnement immédiat, en dépit d’un contexte politique perçu comme distant ou inefficace.
La répercussion du désengagement politique dans le monde professionnel
Le phénomène de désengagement observé dans la sphère politique trouve également un écho au sein des entreprises. Lorsque les relations avec la hiérarchie ou entre collègues s’avèrent insatisfaisantes, les individus cherchent du réconfort et du soutien dans des cercles alternatifs, tels que les communautés professionnelles en ligne ou les réseaux d’amis sur les réseaux sociaux. Cette démarche traduit une recherche de sens et d’appartenance qui dépasse le cadre professionnel pour s’inscrire dans une dynamique plus large de quête d’identité et de soutien mutuel dans un “monde indivisible”.
Vers une redéfinition des modes d’engagement et de la solidarité
La baisse de confiance envers les institutions politiques et le désengagement vis-à-vis des pouvoirs établis interpellent sur la nécessité de repenser les formes d’engagement collectif et individuel. L’essor des initiatives associatives et la quête de solidarité dans les sphères professionnelles et personnelles soulignent un désir profond de participation et d’influence sur le cours des événements, malgré les obstacles et les désillusions. Dans ce contexte, la réinvention des liens sociaux et des modalités de collaboration apparaît comme un enjeu majeur pour construire un avenir où chacun trouve sa place et peut contribuer à un projet collectif plus harmonieux et inclusif.
La France face à l’optimisme personnel et le pessimisme national
Seulement 17% des sondés ont confiance dans leur gouvernement. 12% se disent intéressés par le militantisme politique et 46% par le milieu associatif.
Le contraste entre l’optimisme personnel et le pessimisme pour l’avenir de la France
Bien que 53% des Français se montrent optimistes quant à leur avenir personnel, une bien moindre proportion, seulement 17%, voit l’avenir de la France sous un jour prometteur. Ce contraste saisissant avec les perspectives d’autres pays, comme la Chine et l’Inde où l’optimisme pour l’avenir national dépasse les 80%, met en lumière une particularité du sentiment français.
La perception du travail et de la mondialisation par les jeunes Français
Presque la moitié des jeunes en France voit la mondialisation comme une menace, et moins d’un sur deux croit en la certitude d’avoir un bon travail à l’avenir. Cette appréhension contraste avec une moyenne européenne plus optimiste, soulignant une spécificité du pessimisme français face aux enjeux globaux et à l’emploi.
L’Union Européenne et son rôle perçu par les jeunes Français
Le scepticisme des jeunes Français envers l’Union Européenne
Seulement 29% des jeunes Français estiment que l’Union Européenne jouera un rôle important dans leur avenir. Cette perception témoigne d’un scepticisme marqué vis-à-vis de l’institution européenne, reflétant une certaine distance ou une désillusion à son égard.
Le paradoxe du pessimisme et de la satisfaction personnelle
Satisfaction de vie versus inquiétude pour l’avenir
Étonnamment, 83% des jeunes Français se disent satisfaits de leur vie, un chiffre supérieur à la moyenne globale. Ce paradoxe entre une satisfaction personnelle élevée et une inquiétude pour l’avenir national illustre une particularité culturelle française : une tendance à se préoccuper de l’avenir tout en appréciant le présent.
La culture du “se faire peur” en France
Cette attitude contradictoire s’explique en partie par une certaine inclination culturelle à anticiper les problèmes pour mieux savourer le présent. Ce trait singulier soulève la question de la quête du bonheur en France, souvent marquée par une forme de mélancolie ou de recherche complexe du contentement.
Un pays entre satisfaction présente et interrogation future
L’enquête, résumant les réponses de 1.300 personnes sur 242 items, révèle une complexité dans le rapport des Français à leur avenir, individuel et collectif. Entre un optimisme personnel et un pessimisme national, les Français semblent naviguer dans un paysage émotionnel et culturel unique, caractérisé par une satisfaction de vie élevée mais accompagnée d’une constante réflexion sur l’avenir.
Cet article a pour vocation de creuser ces nuances, mettant en lumière les défis et les opportunités qui se présentent à la France dans ce contexte global changeant. Il interroge sur les moyens pour le pays et ses citoyens de conjuguer ces sentiments apparemment opposés pour forger un avenir prometteur et satisfaisant pour tous.
N’aurions-nous pas là une autre démonstration que les caractéristiques que certains attribuent exclusivement aux jeunes concernent en fait la société toute entière ?
- La famille au cœur des aspirations
- Le contraste avec les pays émergents
- Adapter les modèles d'entreprise aux nouvelles aspirations
- Vers une société plus équitable
- Remise en question du capitalisme et des modèles de gestion traditionnels
- Vers une nouvelle ère de gestion et de valeurs d'entreprise
- Vers une redéfinition des modes d'engagement et de la solidarité
- La France face à l'optimisme personnel et le pessimisme national
- L'Union Européenne et son rôle perçu par les jeunes Français
- Le paradoxe du pessimisme et de la satisfaction personnelle
- Un pays entre satisfaction présente et interrogation future
Bonjour!
Je viens de lire votre étude forte intéressante. je suis une jeune de 25 ans. (wahoo, je rentre dans le panel sélectionné!) je ne suis pas du tout surprise par les résultats. mais ce qui me surprends ce sont vos commentaires.
Pourquoi est ce que les entreprises doivent absolument attirer les jeunes avec de chaleureux discours de confiance ?
Vous ne comprenez donc pas que ce temps là est révolu! ce que veulent les jeunes c’est une nouvelle ère! un tout autre mode de fonctionnement! et mon dieu arrêtez de penser que tout passe par l’économie! c’est l’humain qui doit primer d’où la recherche chez les jeunes du contact,du militarisme pour défendre leurs idées et de l’associatif! se rendre utile pour autrui, voila tout. les jeunes veulent couper court avec l’ancien modèle: carrière, bambins, jolie maison, jolie voiture etc… oui on veut des enfants, mais pour les éduquer hors des limites que nous a fixé la société. voire plus grand les gars!!! Et cela ne veut pas dire qu’on veut vivre dans des huttes et faire la danse du feu !
Hé ho on se réveille! on en est plus au petit profit personnel! on voyage, on fait des rencontres et on est la génération internet!! on a jamais été autant au top au niveau des moyens de communications et pourtant l’être humain ne s’est jamais senti aussi seul!alors stop les sondages qui vous font halluciner, la réalité est là. ce n’est plus la France, ni l’Europe, ni la chine, ni l’inde…. c’est une vision à l’échelle mondiale qu’il faut avoir.
Et non, l’argent ne fait pas le bonheur. c’est une vision préconçue de la société de consommation! le bonheur n’est pas dans ce que l’on possède! quelle vision démodée! la plupart des jeunes ne savent même pas pourquoi il doivent faire de longues études et avoir une belle carrière! “parce que c’est comme cela que ca doit être” magnifique réponse merci beaucoup les anciens !
Pas facile de sortir du carcan quand on vous répète ca a tout bout de champs! il y a tellement de jeunes et même d’autres qui rêvent de vivre autrement mais qui ont peur de faire des vagues! grandes nouvelles mes amis: c’est une volonté collective, vous n’êtes plus seuls! SOYEZ LE CHANGEMENT QUE VOUS VOULEZ VOIR DANS LE MONDE” disait gandhi. vous etes libre d’être vous même! ah, et si les jeunes sont sceptique mais pourtant satisfait de leur vie, c’est parce qu’ils ont l’ouverture d’esprit de se dire que tout ne s’arrête pas aux différents thèmes abordés dans ce sondage, mais que la vie vaut le coup et quand on est jeune, on a la vie devant soi, n’est-ce-pas ?!
Bien à vous.
Bonjour Lilie,
Très intéressant commentaire qui reflète bien l’incompréhension entre les deux principaux systèmes de pensée actuellement présents dans les entreprises.
L’un qui croit que le bonheur s’obtient proportionnellement au nombre de 0 sur son compte en banque et au “titre” mentionné sur sa carte de visite et l’autre qui estime que le bonheur est lié au bien-être, à l’authenticité dans les rapports humains et aux petits plaisirs de la vie.
Les premiers perçoivent les seconds comme des philanthropes utopiques (pour certains, vous êtes en dehors de la réalité de ce monde), les seconds estiment les premiers comme des égoïstes, obsédés par l’argent et inhumains.
Je perçois dans votre propos une incompréhension des raisons pour lesquelles, alors que le monde devient majoritairement comme vous le décrivez, rien ne bouge.
Il existe des tas d’explications de la lenteur de cette transition. Je n’en citerai que 2 :
– un changement sociétal (culturel) est long (plusieurs dizaines d’années)
– ceux qui sont pour le moment aux “manettes” de ce changement sont ceux qui sont encore dans la représentation que le bonheur est lié à la réussite sociale et matérielle. Alors pourquoi changer ??
Nous pensons cependant que le cycle de transition d’une société est de plus en plus rapide et estimons que les valeurs et modes de pensée que vous décrivez dans votre témoignage seront progressivement adoptés, dès que “la masse critique” sera atteinte, ce qui n’est pas encore le cas en 2011…
Bien à vous,
Merci pour votre attention portée à ma réponse. il est vrai qu’un changement culturel est long. je le vois ne serait-ce qu’au sein de ma famille. mais j’ai foi en l’être humain, j’ai foi en le monde et je crois que nous nous dirigeons vers quelque chose de magnifique !
Je souhaite à tous des expériences humaines sans frontieres! bien à vous !
j suis ravi de voir la jeunesse dans le monde en 2011.c vrai que j’en fais partie mais;il faudra que les jeunes se prennent en charge