Abonné à plusieurs “Google alertes” sur des sujets liés à la génération Y et au monde 2.0, je viens de recevoir un lien vers le blog de Trich Khoo Hogfish . Bien que cherchant des infos dans le monde entier ce blog est rédigé par une habitante de Sydney (ndlr, Benjamin Chaminade est franco-Australien et vit à Sydney, enfin, la plupart du temps).
Bref, entre 2 photos de chat et des recettes de cuisine, Trish écrit qu’il serait possible que les jeux vidéos soient responsables du comportement des “Y”. Elle explique que l’objectif des jeux vidéos est de gagner (tuer tous les méchants, conquérir tout un pays, etc. ). Et ce peu importe les moyens ! Il faut même parfois trouver des raccourcis afin d’avoir des bonus. Elle continue en précisant que les autres générations ne comprennent pas vraiment cette recherche du meilleur résultat pour le moindre effort dans le cadre du travail. Elle explique, et je partage cette conclusion, que le Y cherchera à terminer son travail le plus rapidement possible pour être chez lui le plus tôt possible. Seul le résultat compte. Pour les autres générations, ce comportement peut créer soit de la suspicion (le travail est bâclé) soit de l’incompréhension (tu es payé pour 35 heures, pas 23). Elle conclut en demandant qui voudrait jouer un jeu qui vous contraint obligatoirement à travailler sept heures par jour??
Pour diriger des “entreprises Y”, (faites-moi penser à écrire un article sur ce thème prochainement) et intervenir en entreprise, ce comportement lié aux jeux vidéos à d’autres implications et créé plus de question que cet article n’apporte de réponses.
- D’abord la notion du temps. Pour un “Y” jouant en ligne à des jeux en temps réel et ayant une collection d’amis sur Facebook, la notion de temps n’est pas la même que pour les autres générations. On peut être classé comme “ami” après une conversation sur MSN et ce n’est pas parce que l’on ne fait pas les choses tout de suite qu’elles ne seront jamais faites.
- Tous les moyens sont bons pour réussir, ne signifie pas que l’on est prêt à vendre de la drogue pour se faire d l’argent de poche. Ni voler le travail de quelqu’un pour avoir l’air intelligent, mais plutôt que le parcours initiatique dans lequel il faut passer par des étapes est en train de disparaître par un processus de maturité par “l’erreur assistée”. Il faut bien comprendre que les jeux de plateaux ou la patience et l’obstination de refaire sans arrêt le même niveau sont en train de disparaître avec toujours plus d’intelligence artificielle. Ce qui fait que l’on est de plus en plus dans l’action et la stratégie que la répétition.
- Toujours en prenant en compte les jeux vidéos, au sens large, ils demandent de plus en plus de répartir son attention sur de nombreuses choses arrivant en même temps. Ce qui peut sembler expliquer la réduction du temps de concentration des “Y” et du temps investi dans une relation. Plutôt que de mettre son amitié et son temps dans quelques relation on va saupoudrer cet investissement en passant son temps sur facebook/myspace/twitter/live messenger/…
- Un adepte de jeu ne s’attendra pas à recevoir d’évaluation au bout d’un an mais immédiatement : Vous faites une erreur dans le monde virtuel la sanction est immédiate ! Elle n’intervient pas après 1 an! Votre personnage meurt mais pas de problème. Vous renaissez quelque part (vous respawnez sur la map) et en avant pour de nouveaux combats / nouvelles aventures. Pourquoi cela ne marcherait pas ainsi dans l’entreprise ?
Je n’ai peut-être pas feuilleté assez sur les Yers, mais il me semble qu’une donnée essentielle n’est pas suffisament évoquée, celle de l’énorme vague de vulgarisation de la psychanalyse qui a accompagné leur éducation. Cette génération a baigné dans le langage et la connaissance de la “part d’ombre” humaine, l’inconscient. Ils vivent à cheval entre deux mondes, celui du rêve et celui de la réalité, jonglant très aiséement, et surtout sans aucune résistance entre l’imaginaire, l’émotion, et la logique, les rapports de cause à effet liés à la matière. Je leur trouve une très grande proximité avec la part “animale”, archaïque de leur cerveau.
Ils n’ont pas honte de la haine, de la violence, des rapports de force, ils savent, au fond d’eux, que ces pulsions puissantes ont fait de l’homme ce qu’il est aujourd’hui : un survivant à des milliers d’années d’évolution. Plutôt que Y, j’avais choisi génération “battle royale” pour les désigner. Ils évoluent à l’intuition, ont une très grande confiance en leurs capacités “automatiques” d’analyse et de choix. Rien n’est dû au hasard, ils laissent faire leur machine humaine, qui, il faut bien l’admettre, se passe bien de nos services conscients pour respirer, alimenter le réseau sanguin, etc…
Et en effet, il est extrêmement difficile pour quelqu’un portant un masque d’obtenir leur respect. Toute tentative de séduction est interprétée comme une agression armée. Il suffit d’être “soi”. Et c’est là que le bas blesse. Surtout pour les baby-boomers, batis sur la représentation et les codes sociaux préétablis que l’on apprend et respecte à la lettre. Le Y attend du vrai humain, c’est la seule chose qui l’intéresse. Et le vrai humain est avant tout imparfait, ce qui ne se fait pas en entreprise, hormi dans quelques milieux rompus aux notions de l'”un-design”. L’imperfection est pour eux la variable d’attachement. Cette génération est fantastique, mais impitoyable. Et vu ce qui se prépare dans notre monde capitaliste, tant mieux.
Oo
Etudiant en ressources humaines, je me dirige vers le monde du travail et me documente avec mes outils quotidiens: mon clavier et ma souris. Je me spécialise dans le recrutement et le consulting, mon sujet de mémoire sont les NTIC et le Web 2.0. Mes recherches d’emploi et de mémoire se recoupent donc allègrement.
Et depuis quelques semaines, je ne cesse de lire des articles sur la GenY. Et je me reconnais dans chaque ligne que je lis. Le web 2.0, je connais. J’ai une centaine d’amis sur Facebook et j’essaie de limiter ce nombre, sans grand succès, je m’interdis les jeu en ligne pour garder une vie sociale irl, mais je suis un adepte des jeux de rôles et des jeux vidéos. J’utilise la PNL et bien d’autres connaissances/compétences issues de nombreux sites internet. Je regarde NoLife TV .. je suis, ce qu’on appelle entre nous, avec de plus en plus de fierté, un geek.
Ici sur la gestion du temps, l’analyse de Marie-Cécile ci-dessus, les articles sur FocusRH ou ici même … Je ne cesse de reconnaître et d’agréer à chaque terme. Après un passage à la fac de droit, une licence de psycho, un DEESRH je me rends compte à quel point je vais devoir rechercher des profils proches du mien ! o/
Ces analyses sont très pertinentes et devraient permettre une optimisation de nos skills. Pour le plus grand bénéfice des entreprises … et de nous-même.
Au nom des GenY, je vous félicite !