Il est parfois plus opportun et pertinent d’illustrer des phénomènes sociétaux et comportementaux par le biais de métaphores. A cet effet, nous vous proposons une série d’articles sur les métaphores qui illustrent les valeurs, les systèmes de pensée et les comportements de la culture Y…

En Chine, un porteur d’eau possédait deux grosses cruches, chacune d’elle pendante aux extrémités d’une solide perche qu’il portait sur ses épaules. L’une des cruches était fêlée, tandis que l’autre était parfaite et livrait toujours une pleine portion d’eau.

À la fin de la longue marche du ruisseau à la maison, la cruche fêlée arrivait toujours à moitié pleine. Tout se passa ainsi, jour après jour, pendant deux années entières où le Porteur livrait seulement une cruche et demi d’eau à sa maison.

Évidemment, la cruche qui était sans faille se montrait très fière de son travail parfaitement accompli. Mais la pauvre cruche fêlée était honteuse de son imperfection, et misérable du fait qu’elle ne pouvait accomplir que la moitié de ce qu’elle était supposée produire.

Après ces 2 années de ce qu’elle percevait comme étant une faillite totale de sa part , un jour, près du ruisseau, elle s’adressa au Porteur d’eau , « J’ai honte de moi à cause de cette fêlure qui laisse fuir l’eau tout au long du parcours lors de notre retour à votre demeure. »

Le Porteur s’adressa à la cruche, « As-tu remarqué qu’il y avait des fleurs seulement que de ton côté du sentier, et non sur le côté de l’autre cruche ?

C’est que j’ai toujours été conscient de ta fêlure, et j’ai planté des semences de jolies fleurs seulement de ton côté du sentier, et chaque jour durant notre retour, tu les as arrosées.

Durant ces deux années j’ai pu cueillir ces jolies fleurs pour décorer notre table. Si tu n’avais pas été comme tu l’es, nous n’aurions jamais eu cette beauté qui a égayée notre maison »

Cette parabole illustre bien les perceptions et les croyances de la génération Y, ainsi que l’évolution indispensable des modes de management, à savoir :

  • Nul n’est parfait ! Il est important d’accepter chaque personne telle qu’elle est et de percevoir ce qu’il y a de bon en elle
  • Le plus important n’est pas de se conformer à un moule mais de savoir comment valoriser et bénéficier des capacités de chacun

L’approche « compétence » reviendrait à évaluer la cruche fêlée et à lui mettre une mauvaise appréciation lors de son entretien annuel d’évaluation puisqu’elle n’est pas conforme à sa description de poste et qu’elle n’atteint pas ses objectifs.

Dans cette situation, le porteur d’eau aurait très certainement changé de cruche, la réparation pouvant s’avérer trop onéreuse.

L’approche « talent », en revanche, revient à adopter le système de pensée du porteur d’eau : plutôt que de se focaliser sur la non-conformité, comment valoriser et tirer le meilleur de cette cruche dans le respect de ce qu’elle est et pour le bien du porteur d’eau ?

Autrement dit, le moment est peut-être venu de comprendre qu’il est parfois vain de vouloir que tout le monde se conforme aux règles et qu’il serait peut-être plus pertinent d’accepter que nul n’est parfait mais que chaque personne à des capacités, des potentiels qu’il convient d’identifier et de valoriser.

Bien sur, il n’est pas question de remettre en cause l’approche compétences, mais de la compléter par la mise en œuvre d’une gestion des potentiels et des carrières qui puisse permettre de concilier les spécificités individuelles aux intérêts collectifs.

Voir la métaphore précédente : La génération Y et les cailloux